J'ai vu "Okja" et en voici une critique donc avec des SPOILS, alors alerte, ne pas lire si vous ne l'avez pas vu.
Si vous n'avez pas entendu parler d'Okja, c'est que vous n'êtes pas cinéphile, pas Netflixien, pas fan de fantastique, pas cannois, pas végétarien ou que vous n'aimez pas les cochons, honte sur vous . Okja, c'est le premier film "de cinéma" produit par Netflix qui ne sort pas au cinéma, mais est diffusé sur la plateforme du même nom. J'ai eu la chance de faire partie du petit groupe des 500 personnes qui ont pu le voir sur grand écran au cinéma Georges Melies à Montreuil (par ailleurs fort beau cinéma dynamique, belle salle, espace accueil remarquable, allez-y, c'est que du bonheur !).
Okja est un film polémique depuis un moment. Les (gros) producteurs/distributeurs/exploitants se sont ligués contre Netflix pour que le film ne passe pas à Cannes. D'ailleurs lors de sa projection, il y a eut plusieurs coupures, avec des interventions musclés tout ça parceque Netflix donne un coup de pied dans la fourmilière du cinéma. Un moteur bien huilé, qu'il ne faut surtout pas changer.
Alors qu'aux USA il est interdit de posséder un filière verticalement (c'est à dire de la création à l'exploitation), en France, pas de soucis pour ça ! Du coup Gaumont, UGC ou MK2 par exemples, produisent les films, les distribuent et les exploitent. Difficile dans ce cas de négocier quoique ce soit. Ils se sont donc serrés les coudes pour dénigrer Okja, en argumentant que ce n'était pas du "cinéma",.
Alors "Okja" c'est quoi est-ce ? Comme dirait Marine (allez donc voir sa chronique video sur l'anniversaire d'une série, c'est très amusant).
C'est l'histoire d'une société médico-scientifico-agricole qui décide de créer un super-cochon pour parer au manque de nourriture dans le monde. Nous allons donc suivre l'aventure de Okja, un super-cochonne élevée par un vieux agriculteur et sa petite fille toute mimi. On s'aperçoit que Okja n'est pas une bête idiote mais bien un animal avec des émotions et une intelligence proche de l'homme (notamment quand elle sauve la petite fille d'une chute mortelle grace à un stratagème digne des plus grands super-héros). Régulièrement, les responsables de la société viennent prendre des nouvelles de Okja pour voir si tout va bien dans son évolution. Mais voilà qu'un jour, ils décident de la prendre pour la ramener au centre. Il fallait bien que ça arrive. Après tout, le but était d'élever des super-cochons pour nourrir les humains.
Grands sanglots et tapage de pieds de la petite, qui n'accepte pas que son grand-père échange sa meilleure amie contre de l'argent. Elle décide de fuguer pour sauver Okja de son funeste destin. C'est alors une quête à travers la ville, des rencontres avec une association protectrice de animaux ainsi que de la "méchante-bizarroïde-" patronne de la société qui bouleversera la vie de la petite fille. Celle-ci ira jusqu'au centre d'abattage des cochons pour sauver son animal de compagnie. Ca marchera, évidemment et donc tout fini bien pour Okja, mais pas pour les milliers de super-cochons qui vont se faire bouffer en saucisse par les consommateurs affamés.
Que retenir de ce film pro-vegan. Que la société actuelle va vers un manque de nourriture, ça c'est sûr, nous en sommes tous conscients et c'est un peu le problème qui n'est, pour le moment, pas résolu. Comment nourrir bientôt 10 milliards d'être humains (dans quelques années) ? Il y a également le problème de la surconsommation (qui va avec le problème précédent). Il a trop de production, les stocks sont jetés alors que nous n'avons pas forcément besoin d'autant. Nous fabriquons des "super cochons" , comme nous sur-pêchons des poissons alors que nous n'en aurions pas forcément besoin.
Et puis il y a le jugement des carnivores/omnivores. Ca, déjà ça me plait moins. Oui, les scientifiques ont démontré que les animaux ont des émotions. Que certains ont même une intelligence proche de l'homme. De là à nous montrer un cochon qui pleure derrière un barbelé à l'image des juifs des camps de concentration, ça devient très gênant. Parceque là, Bong Joon-Ho, le réalisateur, utilise des images ancrées dans l'inconscient collectif de la Seconde Guerre Mondiale pour non seulement dramatiser la situation, mais également culpabiliser les spectateurs. Personnellement, je trouve cela à la limite de l'indécence. Je suis contre la maltraitance animal, évidemment. Certains diront que l'abattage des animaux revient à la même chose que tuer des humains. Je pense qu'on va vraiment trop loin dans cette pensée. Ce qui ne va pas dans la société actuelle, c'est surtout la surproduction et la surconsommation. Il fût un temps où l'homme savait respecter les animaux qu'il élevait pour sa consommation et les respectait. C'était possible. Après, là, je sors de la critique du film. Mais revenons au film. Personnellement ce qui m'a choquée dans ce film c'est la comparaison des cochons avec les juifs (la "bonne blague" en passant, si on peut dire). Après certains pourraient dire que ce n'est pas explicitement dit dans le film, mais soyons honnête, cette séquence a été réalisée à partir de cette idée.
Bref, en dehors du sujet polémique de ne pas tuer les animaux pour nourrir l'homme, le film est très bien réalisé. Les images sont à tomber par terre, les sfx étonnants. L'histoire reste très très classique, "à la Disney" je pourrais dire, avec quand même des scènes qui se répètent, des incompréhensions dans le scénario : c'est quoi cette histoire de méchantes jumelles ? Aucun intérêt. Ceci dit, Okja est un film. Un vrai film qui aurait mérité d'être projeté dans de grandes salles de cinéma et c'est bien dommage que les grands distributeurs/exploitants se soient ligués contre cette oeuvre, qui représente l'avenir de Netflix (récemment puni par Disney qui a retiré son catalogue, comme le fera sans doute la Fox dans peu de temps). Pourquoi se faire la guerre, quand on peut s'allier pour trouver de meilleurs solutions. Une conclusion qui n'est malheureusement pas proposé dans Okja. Mais sait on jamais... oui je suis plus optimiste que Bong Joon-Ho. Allez, je vais me faire un barbeuk ! Bon film !