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Le Petit Point Lecture : Mortel Sabbat



Mortel Sabbat, roman de Douglas PRESTON et Lincoln CHILD, 2015

Traduit de l'anglais (États-Unis) par Sebastian Danchin Éditions J'AI LU, mai 2017

Titre original : Crimson Shore

Les Experts à Salem

Bienvenue dans un roman terriblement… prenant, intrigant et, facile à lire.

Imaginez un inspecteur chevronné, passionné mais frustré de tourner au ralenti dans son petit bureau new-yorkais. Lui, c'est l'inspecteur Aloysius Pendergast. Je l'imagine charmant, mystérieux aussi. Amateur de bon vin, de vieilles voitures de collection et d'enquêtes… mouvementées.


Petit clin d’œil à notre célèbre Maigret…

Ding dong…

Voici Percival Lake : collectionneur de vins rares, vivant à Exmouth. Un peu artiste, il vit avec sa femme dans la maison de l'ancien gardien du phare. Et son problème, c'est qu'il vient d'être cambriolé : les voleurs se sont introduits dans sa cave qui regorgeait de bouteilles de très grands crus.

« Ma chère Constance, New York souffre depuis quelques mois d'une cruelle disette de meurtres en série. Pour utiliser une expression courante, je n'ai rien à me mettre sous la dent. »

Alors Constance, c'est l'assistante de Pendergast. En décalage avec la société, avec la mode… Sacrée Constance Greene. Personnage ambigu et essentiel tout au long de ce roman.

« À bien des égards, Constance ne s'était jamais faite au monde moderne, à cette familiarité qui avait succédé à la courtoisie, à l'obsession de la technologie, au goût marqué du temps pour l'éphémère et le banal. »

Elle va donc suivre l'inspecteur Pendergast tout au long du livre (ou presque) à la recherche de la (ou des) personne(s) impliquée(s) dans ce vol.


« Constance Greene perçut les premiers effluves iodés à l'instant où Pendergast franchissait le pont Metacomet au volant de sa vieille Porsche de collection. Ce vénérable enchevêtrement de poutrelles rouillées surplombait un vaste marais salant sur les eaux duquel se reflétait le soleil d'octobre. De l'autre côté du marécage, la route s'enfonçait dans une pinède avant de retrouver la lumière. Au-delà, au creux de l'anse qui voyait les bancs de vase se fondre dans l'océan, s'étendait Exmouth. »

Bienvenue à Exmouth !

Charmant petit village de pêcheurs du Massachusetts. Une population locale pas forcément très... accueillante. Et ça, il faut bien avouer que c'est louche.

« On leur servit presque aussitôt d'énormes portions de homard nageant dans une sauce crémeuse, le tout servi dans un hot-dog dégoulinant de beurre, au creux d'une barquette en carton. »

« Constance remarqua la présence d'un PV flottant au vent sur le pare-brise de la Porsche. (…) - Je me suis apparemment garé à cheval sur deux emplacements. »

La désinvolture de la police locale à propos de ce vol de bouteilles de vin très recherchées n'est pas innocente, surtout s'il l'on se souvient de leur grande réactivité lors du (grave) problème de stationnement dans ce petit village…

Et c'est là que l'on sent que forcément, le livre va basculer. Et nous aussi. De notre chaise. Avant la fin du roman. Promis.


Bon, la cave de chez Percival Lake, ce n'est pas la cave de chez Mamie Pierrette.

Je trouve qu'une des particularités de l'inspecteur Pendergast est la facilité avec laquelle il détecte le moindre indice et corrèle tout facilement. Pour moi, lectrice, ce trait peut être vu comme étant une qualité (cela m'a souvent donné un livre agréable et facile à lire) ou un défaut (des éléments découverts sans trop d'effort, un flair parfois trop développé…) Pour Pendergast, ce semblant de vol est trop gros : les voleurs n'ont PAS touché à une caisse de vins d'une valeur inestimable. Les casiers ont été déplacés maladroitement… La police ne s'est contentée que d'un court interrogatoire et de quelques photos...

Et ce n'est pas par hasard.

Mon petit doigt m'a dit…

qu'une personne avait été torturé et emmurée vivante. Et qu'il fallait en faire disparaître les traces restantes.

Indice : une phalange de doigt.

Après identification de ce prisonnier, nous remontons à l'époque d'un naufrage terrible en 1884, causé volontairement et ayant enlevé la vie à des dizaines de personnes, femmes et enfants… J'ai trouvé très réaliste et dramatique l'ambiance de ce naufrage, que l'on vit à la fois depuis le bateau mais aussi du côté des naufrageurs. Tragique et on s'y croirait. Ce naufrage qui n'a laissé ni épave, ni corps...

Un historien enquête donc en parallèle de Pendergast et de Greene. Fichtre ! Il est retrouvé assassiné dans les marécages, son corps portant des inscriptions sataniques. (AH ! Le voilà le lien avec le Sabbat !). Un notaire subira le même sort, à peu de choses près.


Je ne veux pas vous révéler toute l'enquête et SURTOUT, son issue mais je vais vous les synthétiser en quelques mots.


Qui serait coupable ? Un jeune flic un peu nerveux ou son collègue proche de la retraite ? Percival Lake ou bien sa jeune femme, avide d'argent ? Aloysius Pendergast qui n'aime pas qu'on lui mette des bâtons dans les roues ou Constance Greene, l'assistante un peu renfermée, indépendante et incisive ? Ou bien Walt Adderly, le propriétaire de l'auberge où logent nos deux protagonistes, qui se plaint de perdre des clients ?

Je vais tout de même vous parler brièvement de la fin… je l'ai trouvée FANTASTIQUEMENT FANTASTIQUE. La tension monte crescendo alors que nous, nous descendons et nous nous enfonçons dans un labyrinthe souterrain, lugubre, putride… après être passé devant un autel un peu… spécial. J'ai aimé le récit du tête-à-tête près de cet autel, ce découpage seconde par seconde des petits gestes de Constance et des paroles de son « interlocuteur » qui m'ont tenue en haleine.

Allez, en avant-premère pour vous, lecteurs du Petit Point Lecture, voici quelques extraits d'un portrait-robot assez… spécial :

« une main couverte de sang aux ongles acérés »

« une tête chauve hideuse, couverte de sang caillé »

« la queue de l' humanoïde »

Dans Mortel Sabbat, j'ai aussi aimé que l'on découvre de plus en plus Constance Greene, qu'elle soit réellement mise en avant. Ce livre étant le 15ème de la série, on pourrait se dire que si nous n'avons pas lu les livres précédents, nous aurions du mal à saisir la valeur des personnages essentiels, à capturer les traces significatives du passé. Mais ce n'est pas le cas, rassurez-vous.

Ce livre m'a donné envie de dévorer les autres ouvrages de la même série, car l'on sent que Aloysius et Constance sont des personnages bien marqués, riches de facettes et… l'on sent aussi une tension monter entre eux.

« Elle était troublée par la chaleur de son corps, la présence de sa jambe frôlant la sienne. »

Bonne lecture et n'oubliez pas : les Geeks sont toujours à la page et c'est… mortel.

Delphine

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