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Photo du rédacteurErine

Joker - Folie à Deux



Pour être honnête, quand on m’a parlé d’une suite à Joker, j’étais dubitative. À mon sens, le premier film se suffisait amplement à lui-même. Mais dès que l’annonce a été faite qu’il s’agirait d’une comédie musicale, mon excitation est montée d’un cran. Au-delà de mon amour pour ce genre, je me suis dit que ce serait une bonne façon de mettre en avant le personnage d’Arthur Fleck, passionné de musique, ainsi que ses sentiments et ses questionnements intérieurs. (Car dans les comédies musicales, les moments chantés sont souvent ceux qui se penchent le plus sur la psyché des personnages.) Et cela n’a pas manqué.


On retrouve Arthur en prison, alors que son avocate tente de plaider la folie, en s’appuyant sur son enfance difficile. Puisqu’il se comporte correctement et crée des liens avec les gardiens de prison, il peut assister à des cours de chant, où il rencontre Harley Quinzel, qui se fait appeler Lee. Le coup de foudre est immédiat et semble réciproque. Ainsi commence leur idylle. Lee essaie de le convaincre que la stratégie de son avocate est mauvaise et que le Joker doit revenir. La réalité, son temps passé en prison ou au tribunal, est entrecoupé de scènes musicales, qui, à mon avis, sont les plus belles du film. Dans ces scènes, on explore la psyché d’Arthur. Elles sont flamboyantes, aussi bien visuellement que dans leur réalisation. On sent qu’un soin particulier leur a été apporté, avec pour influence les vieux films chantés ou les émissions musicales des années 70.



J’ai beaucoup aimé Folie à deux, contrairement à la majorité des spectateurs. Mais pour défendre mon point de vue, il est nécessaire de revenir sur la sortie du premier film.


Certes, le premier film était excellent : Joaquin Phoenix était fantastique, la musique, les prises de vue, la post-production et le rythme étaient impeccables. Mais méritait-il l’engouement qu’il a suscité ? Là, je n’en suis pas si sûre. Le film a brillamment réinventé la némésis de Batman dans un autre registre, en s’éloignant des codes des super-héros et super-vilains mis en place par le MCU et le DCU, mais la portée politique et sociale du film reste discutable.


Le premier film a eu du mal à prendre parti, et cela s’est ressenti dans la manière dont il a été perçu par les spectateurs. Pour certains, le film montre que la colère du peuple est dévastatrice et que la violence n’est pas la solution. Pour d’autres, il s’agit d’une colère légitime, voire nécessaire, et d’un hymne à la révolution. Pour qu’il ait été interprété de manière aussi contrastée, une seule explication : le message n’était pas clair.


À mon sens, Folie à deux tente de corriger cela avec un message limpide : "Le Joker n’est pas une icône". À tous ceux qui espéraient revoir le Joker, vous allez être déçus : il est assez peu présent dans le film, principalement dans les scènes musicales qui dépeignent, pour la plupart, la fantaisie imaginaire d’Arthur. Ici, il est question d’Arthur. Cet homme malade, maltraité, en manque d’amour, qui a besoin d’aide. Et on ne va pas se mentir, il est sacrément pathétique. D’ailleurs, les scènes musicales sont parfaites pour ça. Selon moi, le choix de la comédie musicale a permis de rendre beaucoup plus claire la distinction entre les moments dans le réel et ceux dans la tête du protagoniste. On comprend bien mieux que le Joker n’existe que dans l’esprit d’Arthur et que celui-ci est simplement un homme libre, amoureux, qui fait ce qu’il aime le plus : chanter et faire rire. Bien loin du terroriste psychopathe auquel on est habitué.



Le film a cependant des problèmes de rythme non négligeables : plusieurs scènes sont trop longues ou peu utiles, car leur message a déjà été explicité plus tôt. On se retrouve avec des scènes "miroir" qui ne sont pas nécessaires pour comprendre les revirements du personnage principal. Pour moi, il s’agit plus d’un ajout à l’histoire du premier film, afin de réparer l’image d’Arthur, plutôt que d’une véritable suite. En réalité, le personnage d’Arthur n’évolue pas vraiment, ce film sert davantage à clarifier les intentions du premier. C’est plus une postface qu’une "nouvelle aventure".



De plus, le personnage de Lee manque un peu de profondeur. Il aurait été intéressant d’explorer davantage ce personnage, qui reste très énigmatique et n’existe vraiment que dans les fantasmes d’Arthur. Contrairement à la représentation habituelle d’Harley, elle n’est pas aveuglément soumise au Joker ; au contraire, elle est plutôt dominante dans sa relation avec Arthur. Elle lui dit quoi faire, qui il est, quel message il doit porter, peut-être pour donner du sens à sa propre existence. Elle vole le rôle du Joker pour l’interpréter à sa façon. Mais je pense que j’aurais aimé la voir prendre le rôle de l’antagoniste et pousser l’inversion des rôles jusqu’au bout.


Si vous êtes prêt.e.s à revoir, réinventer ou déconstruire tout le mythe du Joker, foncez en salles !



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